Il y a quelques années, paraissait dans le marché national une nouvelle formation, qui avec le nom d'un jouet d'enfants, parraînait la naissance du techno dans notre pays. La chanteuse, jeune fille éternelle, de qui nous nous occupons maintenant, a du affronter le grand succès obtenu par Mecano et travailler sa voix jusqu'à devenir une référence. Avant la séparation du groupe, elle a sortit son 1er disque "Points Cardinaux", qui a obtenu un bon succès, elle a participé dans les nouvelles compositions incluses dans la dernière compilation du groupe qui l'a entraînée vers le succès et elle nous invite maintenant à une exposition d'art appelée "Passages d'un Rêve". 12 chansons, plus de la moitié écrites par elle, où Ana se fait connaître un peu mieux. Ca vaut la peine d'écouter ce qu'elle a à nous dire. Byron James.
ODISEA - Tu confirmes être dans un moment parfait pour la sortie de ce disque. Comment nous l'expliquer ? -Ana Torroja : "Je me trouve dans un moment parfait en général et au niveau personnel. Je suis très fière de ce disque (de l'autre aussi) mais je crois que celui-ci est plus près de ce que je voulais faire." - On trouve les chansons plus personnelles. - "Dans "Points Cardinaux" il y a eut plus de dialogue que decollaboration. Et dans celui-ci, il y a eut plus de collaboration, c'est à dire les idées étaient acceptées. Si elles étaient bien, bien sûr. J'ai eut un rôle plus actif. Il est vrai que pour l'autre disque j'étais moins sûre de moi, comme une spectatrice." - C'est bizarre que tu dises ne pas te sentir sûre de toi avec l'expérience que tu as. - "Non, car avec Mecano, je ne collaborais pas autant. Pour eux c'était très clair ce qu'ils voulaient faire, de 2 manières différentes. Il y a toujours eu un dialogue, mais à la fin c'est toujours l'auteur qui l'emporte. Mon rôle était de chanter une chanson de quelqu'un d'autre. Là, non seulement j'ai collaboré dans la production, mais j'ai également écrit et trouvé quelques mélodies." - Tu voulais déjà composer quand tu étais avec Mecano ? - "Si je le voulais, je ne m'en souviens plus (rires). Je me souviens quand j'avais 8 ou 9 ans, mon père m'a donné une guitarre et je composais des chansons. Je ne sais pas si elles étaient bien, mais c'est moi qui les faisais. Avec Mecano, j'ai préféré travailler ma voix."
- De plus, dans votre 1ère tournée vous aviez fait une partie de bowling dans les alentours, avant de vous présenter à Madrid, en décembre 1984. - "C'était une autre époque et il n'y avait pas de circuit programmé de concerts comme maintenant. Mais c'est vrai qu'on est arrivés un peu en retard à Madrid. Ce qui était à la mode c'était de chanter dans les fêtes des villages. C'était plus un truc d'été et pendant les foires." - En plus, au début, ce n'était même pas toi qui étais censée être la chanteuse de Mecano. - "Bon, au début, rien n'était pensé. Il y avait 2 personnes avec une claire vocation et moi qui ne savais pas très bien quoi faire. Tout a été grâce à Miguel Angel Arenas, c'est lui qui l'a proposé. A l'époque c'était pas très bien vu que ce soit une femme qui chante, ce fut un risque pour la Compagnie de Disques. Mais on s'en est bien sortis." - Tu commences à travailler ta voix et quand vous sortez "Entre le Ciel et la Terre" un critique dit que tu es devenue la voix la plus sensuelle du pop espagnol. - "Oui, ça a été un dur travail, mais je l'aime. Je suis très exigeante envers moi-même. Je crois que tu peux avoir un don naturel mais s'il est vierge, même s'il a un potentiel, il faut le développer. En plus j'aime jouer aux détectives et découvrir de nouvelles choses, et la voix a beaucoup d'intonnations. J'aime apprendre." - On voit réellement dans ton nouveau disque que tu es plus sûre de ta manière de chanter. - "La voix change et elle grossit, si tu veux, une petite voix fine change en plus forte. C'est curieux car maintenant, j'écoute des chansons de Mecano et j'ai du mal à me reconnaître. Même quand on a fait "Les Grands Succès de Mecano", on a enregistrés de nouveaux thèmes, José me disait de prendre ma petite voix de Monchito, c'est comme ça qu'il l'appelle. Et moi, j'avais du mal. Ma voix maintenant a plus de force. Comme j'aime bien fouiner, j'apprécie le fait de représenter des personnages dans chaque chanson." - Tu parlais d'une évolution, de gravir les échelons, mais tout à l'heure, tu nous a raconté la guitarre de ton enfance et dans le disque il y a une chanson "Embrasse-moi" qui a pour source ton amour platonique que tu as eu dans la 5ème ligne de la EMT quand tu avais 11 ans. Tu as du retourner en enfance pour arriver à cette nouvelle étape ? - "Je n'aime pas perdre l'innocence et la fraîcheur que tu as quand tu es un gamin. Les gens ne devinent jamais l'âge que j'ai, pourtant je le dis sans problème. J'ai horreur de penser que je suis mûre dans le sens ou je n'ai plus rien à découvrir." - Tu es en train d'oublier que tu es la fille de Mecano ? - "Ce n'est pas une intention forcée. Dans Mecano on ne connaissait pas Ana Torroja, on connaissait José et Nacho à travers Ana. Et Ana sent les choses et pense différemment. Et ma voix, qui est ce qui pourrait faire penser à Mecano est là et ça, on ne peut pas le changer. C'est un cadeau." - Tu avais envie de te montrer toi même ? - "Oui, dans le 1er disque, il n'y avait que 4 textes à moi, dans celui-ci, il y en a 7. Question mélodies, j'ai encore à apprendre et j'ai besoin de professeurs pour m'expliquer. C'est vrai ce qu'un jour m'a dit Sole, de "Presuntos Implicados", que tu te sens mieux en chantant tes propres textes car tu ne dois pas te les approprier puisqu'ils sont déjà à toi." - Et pour les lives, tu te sens plus sûre grâce à ton expérience avec Mecano ? - "Je suis, comme on le dirait vulgairement, en train de chier dans mon froc. Les derniers concerts que j'ai vus m'ont donné l'envie d'être sur scène. Mais depuis 1993, je n'ai fait aucun concert sauf quelques collaborations. Et dans l'une d'elles, avec Pedro Guerra, Miguel Bosé me disait que ça l'attendrissait de voir que j'étais toujours aussi nerveuse." - Ou l'on voit un changement radical c'est dans ton nouveau look qui est un mélange d'innocence et d'agressivité. - "C'est un peu la même chose. On me dit que je suis très douce et que je dois faire attention avec les mots que j'utilise car je peux être très bourge. Et l'agressivité n'est pas ce qui me caractérise, mais je peux l'être. Bien que, en vérité, on m'a toujours dit qu'il y a en moi une sensualité qui n'est pas forcée." - Quelle a été ton influence musicale la plus notoire ? - "En général, j'ai grandi avec les 70. Cette époque c'était celle du rock symphonique et de Cat Stevens. Mais je n'aime pas stagner et actuellement j'écoute de tout : Red Hot Chilli Peppers que j'adore, Ketama ou Tori Amos qui n'ont rien à voir." - Dans ton nouveau disque, chaque chanson appartient à un style. C'est peut être l'héritage le plus direct que tu as de Mecano ? - "Il est possible que oui, car ce que j'aime le plus c'est que chaque chanson soit un monde. Dans Mecano, c'était 2 compositeurs complètement différents, et José, plus que Nacho, s'obligeaient à ne pas se répéter." - Je crois pouvoir affirmer que pour la production tu as pu bosser avec Andrés Levin. - "J'ai eu la chance de connaître Andrés Levin professionnellement et personnellement. Comme producteur, je le connaissais un peu, mais c'est une personne tellement bonne et généreuse qu'il a comme quelqu'un qui le protège. C'est incroyable, mais on dirait que la méchanceté ne peut pas l'atteindre." - Une des conditions pour le succès qu'a eu Mecano avec le public Gay a été d'inclure toujours un thème qui parlait de l'homosexualité ("Une Femme avec une Femme" par exemple). Pourquoi n'as tu pas parlé de ce thème ? - "Je n'y ai pas pensé, mais ce n'est pas parce que je ne veux pas le faire. Peut être que je ne suis pas encore assez douée comme auteur pour aborder ce type de thèmes qui sont difficiles. Pour moi, "Une Femme avec une Femme" est un bijou que je mettrais en vitrine. J'ai peut être beaucoup de choses personnelles à dire avant de parler de l'homosexualité. Il faut très bien écrire et parler sur des thèmes qui ne sont plus tabous, mais qui sont encore délicats. J'ai la chance d'être entourée par des amis Gays, j'ai plus d'amis gays que d'amies, et ce que j'aime chez eux, c'est leur hypersensibilité et la tendresse qu'ils donnent." - Ca n'a jamais été un problème pour toi d'interpréter pour les chansons de Mecano le personnage d'un garçon ? - "Quand on m'a posé cette question la 1ère fois, je me suis rendue compte que c'était vrai. Je prenais ça comme le fait d'interpréter un personnage. De plus dans mon 1er disque, quand je chantais : "mon Dieu que je suis bête" je me suis arrêtée car j'ai pensé que je m'étais trompée" (et on a fini en rires*). * Il faut dire que "bête" peut être féminin ou masculin en espagnol: tonto c'est le masculin et tonta le féminin, ce qui explique les rires de la fin de l'interview. |